Les entorses de cheville affectent principalement les membres inférieurs. 40% d’entre elles surviennent pendant des activités sportives et sont le résultat d’une mauvaise lecture du terrain, d’une inattention, de changements de direction brusques, des surfaces inégales sur lesquelles nous courrons.
Il est intéressant de noter que les jeunes adultes âgés de 18 à 35 ans présentent une prévalence d’entorses d’environ 40%, avec un taux d’incidence deux fois plus élevé chez les femmes que chez les hommes.
Le mécanisme de blessure le plus fréquent est une inversion forcée du pied, où la cheville roule vers l’intérieur, entraînant une contrainte excessive sur les ligaments qui maintiennent l’articulation de la cheville en place. Malheureusement, 74% des personnes souffrant d’une entorse externe peuvent développer des effets indésirables persistants tels que douleur, gonflement et faiblesse musculaire, ce qui peut conduire à une instabilité chronique de la cheville. Cette situation est souvent aggravée par un diagnostic erroné, une prise en charge thérapeutique inadaptée ou un retour au sport trop précoce.
Traitement
Le traitement, largement recommandé en première intention, vise à réduire la prévalence des blessures récurrentes et le risque d’instabilité chronique de la cheville. Un modèle de soins appelé PEACE & LOVE, proposé par La Clinique du Coureur, guide la réadaptation depuis les soins immédiats jusqu’à la prise en charge ultérieure. Cela comprend la protection, l’élévation, l’évitement des anti-inflammatoires, la compression, l’éducation, le travail actif, l’optimisme, la vascularisation et les exercices.
L’acronyme PEACE & LOVE :
P – Protection – Décharger ou limiter le mouvement pendant 1 à 3 jours
E – Élévation – Élever le membre plus haut que le coeur
A – «Avoid» – Éviter les modalités anti-inflammatoires (AINS)
C – Compression – Bandage compressif pour limiter l’œdème intra-articulaire et l’hémorragie tissulaire
E – Éducation – Pour éviter la surmédicalisation – Prévenir de l’inefficacité de certains traitements passifs – Éduquer aux bonnes pratiques de gestion de la charge – Expliquer les différentes phases de cicatrisation des tissus
L – « Load » – Travail actif reposant sur une mise en charge progressive et optimale (qui maximise l’adaptation physiologique)
O – Optimisme – Encourager un état d’esprit positif chez le patient pour de meilleurs résultats et un meilleur pronostic
V – Vascularisation – Activité cardiovasculaire dès le 3e jour post-lésion, sans douleur, 20 minutes – 1 à 2 fois / jour (stimuler la motivation du patient et augmenter la perfusion des tissus endommagés)
E – Exercices – La rééducation active (sans douleur) représente la pierre angulaire du traitement
Exercices
En ce qui concerne les exercices, il est recommandé de privilégier une approche progressive et adaptative, en tenant compte à la fois de la quantité et de la qualité du traitement. Des exercices de mobilisation, de renforcement musculaire et de proprioception sont essentiels pour restaurer la fonction normale de la cheville et réduire les risques de récidive. De plus, un retour progressif au sport, combiné à des programmes de prévention, joue un rôle crucial dans la réduction du taux de récidive et dans l’amélioration de la performance fonctionnelle.
Le consensus (smith et al 2019) met en avant plusieurs éléments pertinents pour décider du retour au sport après une blessure à la cheville :
Il est crucial d’évaluer la douleur pendant l’activité sportive spécifique ainsi que dans les dernières 24 heures.
L’amplitude de mouvement, la force, l’endurance et la puissance musculaire de la cheville doivent être évaluées pour déterminer si la fonction normale de la cheville a été restaurée.
L’athlète doit exprimer sa confiance et sa stabilité perçues au niveau de la cheville. La préparation psychologique de l’athlète est également importante pour assurer un retour réussi au sport.
La proprioception, le contrôle postural dynamique et l’équilibre doivent être évalués pour garantir une stabilité adéquate de la cheville pendant l’activité sportive.
Des tests spécifiques au sport, tels que le saut, l’agilité et les exercices fonctionnels, ainsi que la capacité à effectuer une séance d’entraînement complète, sont essentiels pour évaluer si l’athlète est prêt à reprendre l’activité sportive à plein régime.
En combinant ces éléments, nous prenons une décision éclairée sur le moment opportun pour autoriser un retour au sport, minimisant ainsi le risque de récidive et optimisant la récupération de l’athlète.
En conclusion, une approche holistique et progressive, combinant traitement fonctionnel, exercices ciblés et programmes de prévention, est essentielle pour une récupération efficace et une réduction des risques de complications à long terme associées aux entorses de la cheville.
Littérature :
Dubois, Blaise, et Jean-Francois Esculier. « Soft-Tissue Injuries Simply Need PEACE and LOVE ». British Journal of Sports Medicine 54, no 2 (1 janvier 2020): 72-73.
Return to sport decisions after an acute lateral ankle sprain injury: introducing the PAASS framework—an international multidisciplinary consensus (Smith et al. 2019)